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La transformation de l’offre est une dynamique transverse aux champs du handicap et de l’âge, même si les termes d’approche domiciliaire et de politique domiciliaire sont plutôt ceux mobilisés pour ce dernier. Il y a plus de dix ans, le rapport Zéro sans solution (2014) de Denis Piveteau en dressait déjà précisément les ambitions : « La transformation de l’offre médico-sociale vise à sécuriser les parcours des personnes en situation de handicap ou de perte d’autonomie, quel que soit le lieu de vie choisi. Elle vise à garantir à chaque personne un accompagnement souple, modulaire et construit au regard de ses attentes, un accompagnement qui favorise son accès aux apprentissages, à la formation et à l’emploi, à la santé, au logement et à sa pleine participation à la vie sociale ».
Alors que ses objectifs sont plutôt bien identifiés, cette table ronde vise à introduire les enjeux de mise en œuvre de la transformation de l’offre dans les champs respectivement de l’âge et du handicap, en revenant sur leurs feuilles de route opérationnelles, les risques et les opportunités à court, moyen et plus long terme, en vis-à-vis notamment des questions démographiques et de financement.
La transformation de l’offre au concret implique la mobilisation de leviers juridiques, budgétaires, de pilotage et d’animation territorialisés, d’adaptation des lieux de vie, en établissement comme au domicile, ainsi que des métiers, pour répondre aux exigences tant de qualité et de pertinence des accompagnements que capacitaires.
La transformation de l’offre médico-sociale passe notamment par celle des établissements comme lieux de vie et le développement de l‘habitat intermédiaire. Dans son avis Chez-soi : l’approche domiciliaire (2019), le Conseil de la CNSA soulignait déjà que la transformation de l’offre doit reposer sur une approche domiciliaire : c’est-à-dire garantir, quel que soit le lieu de résidence – domicile, établissement collectif ou habitat intermédiaire – un accompagnement adapté aux besoins et aspirations de chacun, respectueux de sa dignité et de sa pleine participation à la vie sociale.
Comment faire en sorte que les personnes âgées ou en situation de handicap se sentent véritablement « chez elles » où qu’elles habitent ? Cela renvoie d’une part à la transformation de l’offre existante : comment transformer, organiser ou encore aménager les lieux de vie de manière à soutenir l’autonomie des personnes tout en répondant à leurs besoins, leurs aspirations et en leur permettant d’accéder à un certain nombre de droits communs ? Comment également transformer l’offre existante de manière à faciliter les transitions et sécuriser les parcours des plus vulnérables, en particulier pour les personnes en situation de handicap vieillissante ? Cette question ouvre d’autre part à des réflexions sur l’offre à venir et à construire. Quels nouveaux modèles d’habitat sont à penser ? Comment structurer et réguler le paysage de l’offre médico-sociale pour à la fois tenir le défi démographique et celui de l’autonomie ? Cette table ronde envisage des pistes de réflexion pour répondre à ces enjeux.
Dans son avis consacré au renforcement du soutien aux proches aidants (2025), le Conseil scientifique de la CNSA souligne que la pression sur les proches aidants pourrait s’accroître au regard des tendances démographiques et sociologiques, et également en fonction des caractéristiques futures de l’offre.
Estimés à 9,3 millions en 2021 (DREES), soit près de 15% de la population en France, les proches jouent d’ores et déjà un rôle d’aidant essentiel dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap et de perte d’autonomie. Si les femmes sont toujours surreprésentées, les profils d’aidants et les situations d’aide sont diversifiés, conduisant ces proches, à endosser, de manière ponctuelle ou quotidienne et permanente, une variété de responsabilités, allant de la visite récréative, à l’accompagnement dans les actes de la vie quotidienne, au soutien moral ou financier, jusqu’au travail de care manager. Cette aide peut être source de satisfaction, de lien, de sens, mais elle peut aussi peser lourdement : sur la vie professionnelle, la santé mentale et physique, la situation financière ou encore la vie sociale et familiale des aidants. Plus l’aide est intense, plus les risques de charge – qu’elle soit physique, morale ou financière – augmentent.
Comment transformer l’offre pour prévenir et éviter les risques de fardeau excessif pour les aidants ? Comment faire de cette transformation une opportunité pour mieux reconnaître, soutenir et soulager les aidants, tout en respectant leur diversité de situations, de besoins et d’aspirations ? Ces questions structurent cette table ronde, envisageant et interrogeant les leviers pour mieux articuler les réponses professionnelles et l’aide informelle, penser les droits et les temps des aidants, favoriser des dispositifs qui soutiennent réellement leur engagement, sans le présupposer ni l’exiger.
La transformation de l’offre médico-sociale implique une refonte profonde des modalités d’accompagnement, pour mieux répondre aux aspirations des personnes en situation de handicap ou de perte d’autonomie. Ces nouvelles modalités induisent des transformations importantes pour les organisations et pour les pratiques professionnelles. Quels enseignements tirer des dispositifs, démarches et transformations de l’offre qui mettent en œuvre de nouvelles organisations pour fluidifier les parcours et renforcer la participation des personnes ? Quels impacts sont observés sur la qualité des accompagnements et la satisfaction des personnes accompagnées et de leurs proches ?
Plateformes de services, accompagnement coordonné en milieu ordinaire, réponses modulables, soutien à l’autodétermination : les initiatives sur le terrain se sont multipliées, portées tant par des acteurs historiques que par des expérimentations plus récentes. Que révèlent ces nouvelles offres des transformations à l’œuvre ? Quels obstacles subsistent, et surtout : quels leviers concrets permettent d’envisager leur généralisation à l’échelle nationale ? Cette table ronde propose d’explorer, à partir d’expériences de terrain, les conditions d’une transformation des accompagnements réellement centrée sur les personnes, leurs parcours, et la diversité de leurs besoins.
La transformation de l’offre médico-sociale doit être facilitée par un environnement favorisant et des instruments concrets, durables et adaptés aux besoins des acteurs et des réalités du terrain.
Cette table ronde détaille ainsi trois chantiers clés – déployés avec la contribution de la CNSA – qui constituent des leviers au service d’une transformation effective de l’offre médico-sociale, au plus près des personnes et des territoires : le programme « ESMS numérique », qui vise notamment à généraliser l’usage du dossier usager informatisé (DUI) ; le plan d’aide à l’investissement immobilier, destiné à la rénovation, à la reconstruction et à l’amélioration des performances énergétiques des établissements, particulièrement des EHPAD ; Serafin-PH, la réforme du financement des établissements et services médico-sociaux accompagnant les personnes handicapées.
Ces chantiers sont par ailleurs à mettre en perspective dans un cadre de feuille de route de la transformation de l’offre plus globale et d’exigence d’adaptation du milieu ordinaire – notamment en matière de logement – tant au vieillissement qu’au handicap.
Comment permettre un changement de paradigme, tant scientifique que politique, pour orienter les politiques publiques et l’offre vers la prévention, et prolonger non seulement la vie, mais aussi sa qualité ? Également, pour orienter les politiques publiques et l’offre vers la prise en compte et l’anticipation des enjeux de santé environnementale et développementale ?
L’augmentation rapide de la proportion de personnes âgées et l’inversion de la pyramide des âges posent de nombreux défis — médicaux, humains, économiques et sociétaux. Malgré les progrès médicaux des dernières décennies, cette évolution inédite et la croissance des pathologies liées à l’âge et à la perte d’autonomie font évoluer la notion d’espérance de vie vers celle d’une longévité en bonne santé.
Il est par ailleurs estimé qu’environ un enfant sur six présente un écart de développement, au sens de troubles du neurodéveloppement (TND), entre 1 % et 2 % d’enfants étant affectés par des troubles du spectre de l’autisme (TSA). Dans le champ du handicap, l’analyse des déterminants précoces — biologiques et environnementaux — ouvre de nouvelles pistes pour mieux prévenir, repérer et accompagner.). Si le rôle de la génétique est aujourd’hui bien documenté pour les TND et les TSA, les effets potentiels d’autres facteurs, tels que l’exposition à certains contaminants chimiques, médicaments ou pesticides, restent à approfondir.
Enfin, les effets du changement climatique et des pollutions sur la santé des personnes vulnérables — en particulier les risques accrus de crises (liées à la maladie ou au handicap), voire de décès — soulignent l’urgence d’intégrer pleinement l’environnement dans les politiques médico-sociales à venir.
Face à ces évolutions démographiques et environnementales, comment les avancées scientifiques reposant sur le recueil systématique de données probantes et la connaissance fine des besoins des personnes peuvent permettre d’éclairer les orientations futures des politiques publiques ?
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